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« Gilets jaunes » : ces Français si dépendants de leur voiture

Un Français sur deux prend chaque jour sa voiture pour ses trajets réguliers parce qu'il n'a pas d'autre solution, montre une étude publiée par l'Observatoire société et consommation.

En France, ceux qui utilisent le plus la voiture pour se déplacer sont le plus souvent ceux qui n'ont pas d'autre solution.
En France, ceux qui utilisent le plus la voiture pour se déplacer sont le plus souvent ceux qui n'ont pas d'autre solution. (ALLILI MOURAD/SIPA)

Par Jean-Michel Gradt

Publié le 17 nov. 2018 à 11:03Mis à jour le 17 nov. 2018 à 15:00

Au moment où les « gilets jaunes » bloquent les routes de France en signe de protestation contre les hausses répétées des prix des carburants, l'Observatoire société et consommation (Obsoco) publie, en partenariat avec le cabinet d'études Chronos, « L'Observatoire des mobilités émergentes ». Une étude qui arrive à point nommé.

Et si, dans l'Hexagone, le modèle historique de la voiture personnelle domine encore, il s'essouffle un peu. Le nombre de Français qui utilisent quotidiennement leur voiture a ainsi reculé : il est passé de 59 % en 2016 à 50 % 2018, souligne les auteurs de l'édition 2018 (*) - la troisième depuis 2014.

Mais l'étude montre surtout que le fossé se creuse entre d'un côté, les habitants des zones rurales et de grande banlieue (le « péri-urbain »), condamnés à la voiture parce qu'ils n'ont pas d'autre alternative et de l'autre, les habitants des grandes métropoles qui, pour leur mobilité, ont l'embarras du choix.

Les captifs de l'automobile

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Dans la première catégorie, deux types de profil. Tout d'abord, les « captifs de l'automobile » (29 % de l'échantillon) qui forment le groupe le plus important. Il se caractérise par un profil plutôt rural, contraint financièrement, moins diplômé, plus âgé et féminin que la moyenne du panel. Privilégiant avant tout la gestion du temps, l'évitement de la pénibilité et la « rassurance » (qualité de ce qui est propre à rendre la confiance, NDLR), ces Français utilisent la voiture pour la quasi-totalité de leurs déplacements.

Si la moitié des sondés par Obsoco dit avoir le choix entre différents modes de transport pour ses déplacements réguliers, ce taux tombe à 20 % dans les communes rurales. Rien d'étonnant donc, si c'est parmi elles que le soutien au mouvement des gilets jaunes est le plus affirmé (75 %) , devant les communes urbaines de province (70 %) et loin devant l'agglomération parisienne (59 %).

Suit le groupe des « automobilistes métropolitains » (21 % de l'échantillon). Une population majoritairement composée d'urbains, des grandes villes de ou leurs périphéries, plutôt actifs et diplômés. « En quête de gestion du temps et de rapidité, ils utilisent en majorité l'automobile personnelle et ne recourent qu'occasionnellement aux transports collectifs et au train », notent les auteurs.

Ce groupe, qui dispose d'une large palette de choix pour sa mobilité, pourrait renoncer à « l'autosolisme » (1 personne = 1 voiture) et se convertir à des modes alternatifs . A une condition : que ceux-ci répondent à leurs attentes d'efficacité. Un pari qui est souvent loin d'être gagné. 

« Le pire c'est qu'on culpabilise ces automobilistes + pollueurs + alors qu'on leur fait payer de plus en plus de taxes, sans leur proposer de véritable alternative », déclare aux Echos Yves Carra, le porte-parole de l'Automobile club association.

Les alternatifs actifs

Après les « captifs » et les « automobilistes métropolitains », la publication identifie un autre grand groupe : les « alternatifs actifs » (15 % de l'échantillon). En quête de liberté d'action, d'économie et d'écologie, ils présentent souvent, comme à Paris , un profil urbain, masculin et d'âge moyen. Ils se démarquent du groupe précédent en privilégiant les modes alternatifs à la voiture, tels que le vélo .

Pour l'avenir, la voiture « servicielle » (covoiturage, autopartage, P2P, taxi, VTC…) qu'on utilise au coup par coup, constitue à leurs yeux une piste d'évolution prometteuse. Dans ce groupe, 7 % privilégient la location longue durée et 6 % l'emprunt ou le partage d'un véhicule avec des amis et 17 % envisagent même de se passer totalement de voiture.

Une attitude ambivalente face à la voiture

Près de deux Européens sur trois (64 %) déclarent avoir modifié leur manière de se déplacer pour agir en faveur de l'environnement. Mais 56 % peinent à imaginer que l'on puisse se passer de la liberté que procure la voiture. Pour l'avenir, 63 % penchent du côté des transports collectifs. Parmi les pratiques alternatives à l'auto déjà bien installées l'étude place en tête le covoiturage (31 %) devant le vélo pour les déplacements du quotidien (30 %), les autocars longue distance (27 %) et les VTC (20 %).

(*) L'Observatoire des mobilités émergentes a été réalisé en 2018 via un questionnaire en ligne auprès d'un échantillon de 4.000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 à 70 ans et de 3.000 Européens répartis sur trois pays (Allemagne, Royaume-Uni, Espagne).

Jean-Michel Gradt

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