le lundi 21 mai 2018 | 78

Les bouquetins du Bargy : massacrés pour du fromage ?

Les bouquetins du Bargy : massacrés pour du fromage ?

Mis à jour le 23 janvier 2019

One Voice se bat pour que cesse le massacre des bouquetins du Bargy. La cruelle tuerie entamée en 2013 ne mettra pas fin à la brucellose ! Ni éthique, ni efficace elle contribue au contraire à la dissémination de la maladie.

Hr blog

Août 2018

Sous la pression des éleveurs, un nouvel arrêté menace les bouquetins du Bargy. Nous avons déposé un recours devant le Conseil d'Etat pour demander son annulation.

Présent en France depuis la préhistoire, les bouquetins (Capra Ibex) ont failli disparaître sous la pression de la chasse. Grâce à plusieurs opérations de réintroduction depuis les années 70, on estime aujourd’hui leur population à environ 10000 individus dans les Alpes françaises (chiffre de 2013). Espèce menacée, le bouquetin est protégé par la Convention de Berne. Mais dans le massif du Bargy, en Haute-Savoie, il semble que cela n’ait guère d’importance… Pour eux, One Voice multiplie les recours juridiques.

La brucellose : de l’élevage au bouquetin…

Le Bargy est une région productrice de fromages réputés. En avril 2012, un cas de brucellose dans un élevage laitier du Grand-Bornand (74) a incriminé les ongulés sauvages fréquentant la proximité des pâtures. Ce fut la fin de la paix pour les bouquetins. Rappelons que la brucellose est une zoonose, c’est à dire une maladie qui peut se transmettre des animaux à l’humain et inversement. C’est aussi une maladie qui n’est pas présente naturellement chez les ongulés sauvages : les chamois contaminés, observés dans les Hautes-Alpes et en Savoie dans les années 1980/2000, l’ont tous été en alpage à partir de troupeaux ovins, caprins ou bovins infectés… Et chez les bouquetins, les premiers cas n’ont été décrits qu’en 2012.

Le massacre des bouquetins, pourquoi ?

Cédant à la pression de fromagers apeurés par le risque sanitaire (et commercial), et en dépit du bon sens, le préfet de Haute-Savoie a décidé d'éradiquer la quasi-totalité des bouquetins du massif. Une mesure aussi brutale que contre productive, qui va à l'encontre des avis scientifiques convergents, émis par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), le Conseil scientifique de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et le Conseil national de protection de la nature (CNPN).

Une opération aussi sanglante qu’inefficace

Au cours d'une vaste opération sanglante, à grand renfort de gendarmes et d'hélicoptères, 233 bouquetins ont été tués en trois jours, en octobre 2013, et au moins 70, dont des cabris de l'année, deux ans plus tard. Des randonneurs, épouvantés, ont témoigné de ces massacres, après avoir vu les corps des bouquetins évacués par les airs… Il faut dire que, suite à la première session d’abattage, ciblée sur les individus de plus de 5 ans, la situation globale ne s’est pas améliorée et s’est même aggravée chez les jeunes ! Le taux de jeunes individus contaminés est passé de 10% à 50%...

Le massacre des bouquetins n’est pas seulement un scandale, c’est une aberration

L'abattage de la totalité des bouquetins est illusoire, sans même parler d’éthique, il est impossible d’éradiquer entièrement une population non enclavée ! D’un point de vue pratique, la mesure risque surtout de repousser vers les massifs voisins des individus malades ayant échappé aux tirs et donc de contribuer à la propagation de la maladie...

L’action de One Voice pour la fin de la tuerie des bouquetins du Bargy

Depuis le début de ces massacres, One Voice a multiplié les actions. Nous avons dénoncé cet abattage, photos à l’appui, pour que le public mesure l’horreur dont les montagnes sont le théâtre, et alerté à chaque consultation publique.
Grâce à notre action, conjointe avec une coalition d’associations, nous avons réussi à empêcher le plan d’éradication de l’espèce. Mais cela n’était évidemment pas suffisant, aucun abattage n’est acceptable. Aussi, nous attaquons systématiquement les arrêtés qui les autorisent par un recours en justice.

Le cauchemar doit cesser, de vraies mesures éthiques et efficaces doivent être mises en place pour que la paix revienne dans le Bargy !

Photos : ©EricBreyton

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Commentaires 78

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Plume | mardi 06 juin 2023

Il est inacceptable d abattre ces animaux sans défense. Qu ont ils fait de mal ?
C est si facile pour les hommes de posséder une arme et de tuer !
Stop à cette barbarie !

moi | jeudi 29 novembre 2018

le Grand-Bornand c'est dans le 74 et pas dans le 73

one voice | jeudi 29 novembre 2018

Merci beaucoup pour cette relecture attentive, nous avons corrigé, avec nos excuses. Très cordialement.

Fabienne | mardi 04 septembre 2018

Incroyable que l'ignorance et la bêtise, l'indifférence à la souffrance animale et/ou humaine, se poursuivent à une telle échelle. Comme s'il fallait en fait réaliser l'Apocalypse, coûte que coûte. Il s'agit par exemple de massacrer gratuitement une espèce, en ignorant les conseils et les avis des scientifiques et observateurs de la faune sauvage, il s'agit de continuer à ignorer le changement climatique, et de camper avec arrogance, orgueil même, sur son ignorance-crasse, en hâtant la débâcle qui s'annonce et qui aboutira à une catastrophe quand nous serons parvenus, au point d'emballement. Quand le système qui régit la Planète, sera parvenu à ce point de non-retour, il sera évidemment trop tard pour faire quoi que ce soit, à cause des effets, accélération, aggravation, amplification. On ne peut pas arrêter la Planète quand tout le système va s'emballer.
Nous signons des pétitions qui ne servent à rien car ceux qui gouvernent ou qui sont dans les ministères et les préfectures, sont bornés à la peur de l'épidémie et des sanctions qui pleuvraient sans vouloir écouter les voix de la sagesse. Si ces bouquetins ne sont pas malades, ou si la maladie est sous contrôle, il est donc inutile de les tuer, il faut plutôt isoler les porteurs de la maladie et tenter de les guérir avant de les relâcher.
Il faut écouter les spécialistes des questions de l'environnement, du changement climatique et suivre leurs recommandations.
Chacun s'en portera bien et tout le monde pourra avoir le plaisir de redécouvrir des espèces qui avaient disparu.

Karine et Philippe | lundi 27 août 2018

En aucun cas, nous devons massacrer les bouquetins de nos montagnes. Ils font partie de ces magnifiques décors et nous pouvons en admirer certains, lorsque nous avons la chance de les apercevoir. Nous devons les protéger, les soigner. Il s'agit là d'un véritable scandale et nous devons le stopper au plus vite. Laissons les vivre en paix et protégeons les.