Une enquête de terrain au long cours
En 2016, nos enquêteurs s’étaient rendus dans des exploitations où les lapins se tordaient de douleur. Les exploitants leur avaient montré comment les étirer et leur attacher les pattes sur une planche en bois pour mieux leur arracher les poils par poignées à l’aide d’un peigne. Y compris autour des yeux et sur la zone génitale, où leur peau se déchirait, les laissant ensuite sans protection face au froid, et saignant. Leurs cris d’effroi et leurs tentatives pour fuir n’en étaient que plus terribles à voir.
Les images que nous avons dévoilées par la suite, en 2018 et 2020, ont montré que rien de tout cela n’avait changé et même que l’un des éleveurs épilait les lapins en musique et en sifflotant, comme si de rien n’était. Notre pétition est toujours en ligne.
Une bataille juridique en France et au niveau européen
Les conditions de détention et d’exploitation de ces animaux sont encadrées par la réglementation européenne et nationale sur les animaux d’élevage ou de rente. C’est dans ce contexte qu’après notre première enquête, nous avons demandé au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation d’interdire l’activité de récolte de poils de lapin par « dépilation » (terme officiel), ainsi que la vente et l’achat de produits contenant du poil de lapin recueilli selon ce procédé. Face à son refus implicite, nous avions saisi le Conseil d’État.
À cette occasion, nous avons produit un premier rapport du Pr Broom dénonçant cette pratique et les méthodes d’élevage associées et remettant en cause la fiabilité et l’efficacité du Lagodendron, une plante dont les vertus sont censées aider les poils des lapins à tomber plus facilement.
En juin 2019, le Conseil d’État a rejeté nos demandes au motif notamment que la mue des lapins tous les trimestres serait naturelle et que la méthode utilisée serait sans douleur (peignage et usage du Lagodendron). Il s’est également retranché derrière un Guide des bonnes pratiques, mis au point par l’industrie elle-même ! Mais qui mieux que les bourreaux pour dire qu’il n’y a pas de souffrance ? Pour l’objectivité, on repassera.
Par suite de cette décision, nous avons déposé plainte contre l’État français auprès de la Commission européenne le 11 juin 2020. Cette plainte se basait sur le fait que « Les États membres prennent les dispositions pour que les propriétaires ou détenteurs prennent toutes les mesures appropriées en vue de garantir le bien-être de leurs animaux et afin d'assurer que lesdits animaux ne subissent aucune douleur, souffrance ou dommage inutile », et que « les méthodes d'élevage naturelles ou artificielles qui causent ou sont susceptibles de causer des souffrances ou des dommages aux animaux concernés ne doivent pas être pratiquées. Cette disposition n'empêche pas le recours à certaines méthodes susceptibles de causer des souffrances ou des blessures minimales ou momentanées, ou de nécessiter une intervention non susceptible de causer un dommage durable, lorsque ces méthodes sont autorisées par les dispositions nationales. »
Mais en novembre 2020, la Commission a clôturé le dossier. Pour elle, nous n’apportions pas suffisamment d’éléments prouvant l’existence d’une pratique générale, d’un problème de conformité de la législation nationale avec le droit de l’Union ou d’un manquement systématique des autorités françaises au droit de l’Union.
Cependant, elle rappelait en préalable que cette question relevait bien de sa compétence...
Deux procédures relancées à la lumière de nouveaux éléments
Nous avons donc consulté le Pr Broom à nouveau, qui s’est penché cette fois sur le Guide des bonnes pratiques de l’Institut technique de l’aviculture (ITAVI). Et le 2 avril 2021, nous avons reçu ses conclusions.
Commentaires 21
astro | jeudi 19 mai 2022
Sylvia | dimanche 20 mars 2022
Miriam | vendredi 28 janvier 2022
Olivo | mardi 25 janvier 2022