Le SIVU 47, lieu de misère animale

Des box ouverts à tous les vents, pas d’eau pendant la nuit… alors que les températures montaient la journée jusqu’à 33 degrés en ce mois de mai. Dans la quarantaine, un petit bâtiment où les chats sont « entreposés » sur des étagères ou à même le ciment dans trois grandes cages vides, les morts sont monnaie courante. En quelques jours, de nombreux chats, en piteux état, ont été placés dans ces cages. Pourtant, on est au printemps et la fourrière n’est pas pleine, les refuges ne tournent pas encore à plein régime. L’un d’eux, paniqué, affublé du numéro 174, s’est même blessé jusqu’au sang en se jetant contre les murs grillagés en sortant du piège (et n’a pas été soigné) ! Un autre y trouva la mort, sans qu’on lui prodigue non plus ni soins ni la moindre attention. Il portait le numéro 162…

Côté « chambre froide », les cadavres emballés dans six sacs en papier s’amoncelaient depuis près d’un mois dans un congélateur. À l’intérieur, douze chatons dont cinq qui ne faisaient plus qu’un dans la mort. « Euthanasiés » dès le lendemain de leur arrivée, certainement avec l’un des nombreux produits entreposés dans l’infirmerie. Des gouttes de sang congelé constellaient çà et là leur pelage. Huit chats et deux chiens étaient aussi entassés là, en attendant l’équarrissage une fois le congélateur rempli.

Des jours d’agonie pour 162, un chat errant « comme un autre », mort quasiment sous nos yeux

Ce chat blanc, numéroté 162, n’avait pas de prénom.

Décédé pendant le tournage, il était déjà en grande détresse les deux jours précédant son trépas. Arrivé quelques jours avant à la fourrière, nos enquêteurs l’ont découvert prostré dans un coin lors de leur première visite. Puis à nouveau le lendemain, immobile dans la litière pendant de longues dizaines de minutes, ce qui sur le moment donne à penser à notre enquêteur qui l’observe qu’il est déjà mort. Mais non, il se traîne lentement vers l’étagère qui lui sert de lit et respire avec difficulté. Le troisième jour enfin, son agonie avait pris fin. Il gisait inanimé entre la gamelle d’eau et le grillage, de la salive mousseuse aux lèvres, recouvert de déjections sur l’arrière du corps et des puces plein le pelage, sous le regard d’autres petits félins souffrant eux aussi.

Pourtant, aucune mention de suivi médical n’était listée sur sa fiche, ni la description de son comportement… ni même son sexe. Ces derniers jours, l’ensemble du département faisait face à des températures qui dépassaient les trente degrés, ponctuées de nuits orageuses qui terrorisaient les animaux. Quand nos enquêteurs ont vu que 162 était mort, ils se sont empressés de distribuer de l’eau aux autres chats. Vingt-quatre heures plus tard, le reste d’eau sale et en quantité minimale au fond des gamelles ne semblait toujours pas avoir été renouvelé…

Dans la matinée suivant la macabre découverte, 162 est ramassé par l’employé, mis dans un sac en kraft jeté par terre sans ménagement en attendant d’être entreposé dans le congélateur, et le box nettoyé au jet sans égard pour les chats survivant là…

Un suivi ? Quel suivi ?!

Les fiches d’identification et cahiers de suivi ne stipulaient pas de traitement médical ni même d’observations pour tous les animaux, ni les raisons des décès. Pourquoi certains et pas d’autres ? Qui est mort de maladie ? Quelle est la raison de l’« euthanasie » ? Pour les chiens comme pour les chats, aucune précision sur ce point. Rien. Rares étaient ceux dont l’état était décrit ou qui avaient une prescription vétérinaire, et dans la quarantaine des chats, aucun soin n’était prodigué aux malheureux. En revanche, l’analyse des fiches a pu mettre en évidence un fort taux de mortalité et de mises à mort volontaires. Les chats étant les plus nombreux et les plus tués. Comme l’on s’y attendait.

L’errance : un cercle vicieux, conséquence de nombreux préjugés sur les chats

Car en France, plus de onze millions de chats errent dans les campagnes, les villes et les villages. Sans identification, non stérilisés, non castrés. Les portées se suivent et les petits, quand ils survivent, deviennent à leur tour des chats adultes en proie à toutes les maladies et persécutions… eux qui aiment tant tisser des relations de confiance et de tendresse avec les humains.

Des animaux pas toujours rendus à leurs humains ?

Les chats et les humains qui les aiment sont souvent mal vus. Pire, l’une des employées doute de la parole d’une dame ayant appelé pour récupérer son chat noir reconnu sur le site de la fourrière. Que fait cette structure si elle ne rend pas à leurs familles ces animaux perdus avant la limite qui leur permet de les placer dans un refuge ou de les abattre ? N’est-ce pas pourtant le rôle exact d’une fourrière ?

Une attention toute particulière portée à la propreté des lieux, non aux animaux

Et toute la journée, dans la fourrière, les allées et venues s’enchaînent ; des box sont nettoyés, des chats arrivent… Aucune attention ne leur est portée, et les chiens ne seront jamais sortis… Seule l’hygiène générale semble compter. Le rapport aux animaux, à la prise en charge d’êtres vivants sensibles, est mécanique, déshumanisé.

Nos enquêteurs nous ont rapporté que les box de la quarantaine étaient nettoyés au jet d’eau chaque jour, en présence des chats qui n’ont aucun endroit où se cacher et se réfugier. Quel est l’intérêt d’imposer une expérience si stressante à des chats errants, recueillis dans la détresse, voire malades, si ce n’est l’efficacité froide et sans compassion avec laquelle on traite les êtres vivants vulnérables qui s’y trouvent ?…

On ne le répétera jamais assez : la négligence est une maltraitance!

Le SIVU 47 a élevé la négligence au niveau de la maltraitance et érigé les soins inadéquats au rang de culture interneayant imprégné chaque membre du personnel. Voir ce qui se passe réellement dans cette fourrière permet de se rendre compte du manque d’intérêt porté aux animaux, surtout au vu du nombre de personnes et de l’entretien régulier des lieux. C’est une plongée choquante dans la situation désespérée des animaux familiers abandonnés en France.

Nous demandons la fermeture immédiate de cette fourrière avec une nouvelle pétition et déposons donc plainte, notamment pour mauvais traitements délictuels par un professionnel tant le défaut de soins doit engendrer de vives souffrances chez les animaux concernés, placement d’animaux dans un environnement ne répondant pas aux exigences minimales, privation d’une alimentation en quantité et qualité suffisantes et privation d’un abreuvement permanent. Nous envisageons également de porter plainte auprès du Conseil de l’Ordre contre la directrice qui est aussi la vétérinaire des lieux.

Nous appelons enfin à un grand plan d’urgence nationale pour les chats errants. Signez notre pétition contre l’errance féline en France !

Pour braquer les projecteurs sur ce lieu et permettre que les animaux soient mieux traités, écrivez vous aussi à la préfecture du Lot-et-Garonne et au ministère de l’Agriculture.