Le maire de Six-Fours fait retirer les panneaux du cirque Zavatta dans toute la ville

La polémique autour du cirque, avec animaux, installé depuis le 20 janvier prend une autre tournure. Chacun essayant de faire (respecter) sa loi, avec plus ou moins de succès...

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J. P. Publié le 25/01/2023 à 21:40, mis à jour le 26/01/2023 à 10:22
A défaut de pouvoir contraindre le cirque Zavatta de quitter Six-Fours, le maire a fait enlever tous les panneaux, "installés illégalement" Photo JP

Ce mercredi 25 janvier au matin, sur ordre du maire de Six-Fours, des employés de la ville, sous escorte policière, ont procédé à l’enlèvement des affiches installées un peu partout sur la commune par le cirque Zavatta, qui a posé son chapiteau à côté du parking du Rayon de soleil, en bord de mer, jusqu’au 29 janvier.

Dans le même temps, une voiture floquée d’un lion rugissant sillonnait la commune pour faire venir les spectateurs à la représentation de l’après-midi: "A 16h aujourd’hui, venez voir les tigres, les lions, les serpents et l’hippopotame géant!", hurlait joyeusement le conducteur dans son mégaphone... et ce, même en passant devant le camion municipal dans lequel un énième panneau "maison" venait d’être remisé!

"Pas d’affichage sauvage"

La preuve supplémentaire, s’il en fallait, que la célèbre troupe ne "respecte pas la parole donnée", comme le déplore Jean-Sébastien Vialatte, eu égard à son refus d’accueillir des cirques avec animaux sur le territoire communal (nos précédentes éditions). Ces enlèvements de panneaux, expliquait-il hier, sont liés à deux choses: "La première, c’est que nous ne tolérons pas l’affichage sauvage à Six-Fours et que, malgré nos relances et leur promesse de les enlever, ils ne l’ont pas fait… Au bout de huit jours, j’ai décidé que c’était trop, alors je les ai fait enlever, voilà tout."

Mais cette histoire d’animaux n’a certainement pas arrangé les choses! "Ces gens ne respectent rien!", tance-t-il encore, avant de donner sa version des faits, à l’opposé de celle des gens du cirque (lire ci-dessous): "Quand j’ai vu la polémique provoquée récemment dans une autre ville, lorsqu’ils m’ont demandé de venir à Six-Fours, avec leurs animaux, j’ai dit non. Ils m’ont alors menacé de bloquer la ville et de laisser les éléphants venir brouter l’herbe devant la mairie!"

"Pas de menace"

Le premier magistrat n’aurait pas cédé pour autant… "Je reçois ensuite un appel de la préfecture, qui me propose une mission de conciliation, à laquelle je ne réponds pas: je ne veux pas négocier pas avec des gens qui font des menaces!"

Mais la préfecture insiste, visiblement contrainte légalement de trouver un arrangement (lire ci-dessous). "Je finis par céder, à la condition qu’ils viennent sans animaux, à l’exception de deux ou trois lamas... Et le cirque s’était engagé en ce sens, des mails le prouvent. Et là, je les vois arriver avec leur ménagerie au complet. Ils m’expliquent qu’ils ne peuvent pas s’en séparer mais que, comme promis, ils ne participeront pas au spectacle... je ne dis rien." Mais les animaux participent. "Ils nous ont menti sur toute la ligne! Ces gens-là n’ont aucune parole."

La parole seule, ici, ne suffisait apparemment pas.

A l’origine de la polémique qui enfle depuis la semaine dernière, il y a les conditions de vie des animaux, visibles par tous dans la ménagerie du cirque. Mais rien, officiellement, de condamnable. Récemment, dans une autre ville, les services vétérinaires qui s’étaient déplacés n’avaient conclu à aucun fait de maltraitance, tandis que les circassiens assurent s’en occuper parfaitement.

Le cirque Zavatta dans son droit? Le maire dupé?

Tandis que le maire jure que parole a été donnée qu’il n’y aurait pas de numéros avec des animaux, "on ne s’est engagé ni par écrit, ni par oral, à venir sans animaux", soutient de son côté aujourd’hui John Zavatta, responsable des tournées et de l’événementiel du cirque qui porte son nom.

Cette déclaration détonne d’ailleurs avec celle d’un régisseur qui affirmait dans nos colonnes la semaine dernière, avant même la première représentation, que le spectacle six-fournais serait "100% humain", conformément à "l’engagement pris avec la mairie".

"Chacun dit ce qu’il a envie de dire, on est en démocratie", balaye le petit-fils d’Achille Zavatta quand on lui oppose les récents propos de son collègue.

"Les cirques protégés par un décret"

Aurait-on assisté à un jeu de dupes depuis le début de cette polémique? "Ce qui est sûr, poursuit ce dernier, c’est qu’un maire ne peut pas interdire l’accueil de cirques animaliers sur sa commune, depuis un décret ministériel de 2022. Le refus doit être justifié et motivé, soit parce qu’il y a un trouble à l’ordre public, des travaux ou un autre événement déjà prévu à cet emplacement…"

"Mais interdire à la seule raison qu’il y a des animaux n’est pas valable. Il y a des lois. J’invite d’ailleurs M. le maire à prendre un arrêté contre les cirques avec animaux… mais il sera retoqué par le tribunal administratif. C’est arrivé dans d’autres villes."

Pas de prochaine fois?

Jean-Sébastien Vialatte, comme les associations offusquées, a beau l’avoir en travers, les circassiens seraient bien dans leurs droits, tant, tout du moins, que la loi qui prévoit l’interdiction des spectacles d’animaux pour 2028 ne sera pas en vigueur. "Et encore, tout le monde se demande bien ce qu’on va faire des 5.000 animaux qui vivent dans les cirques...", pose John Zavatta.

"Malgré mes longues années d’élu, je me suis fait avoir comme un gamin", enrage encore le maire de Six-Fours. Qui pense déjà à la suite: "Même s’ils ont la loi pour eux, s’ils veulent revenir à Six-Fours, encore faut-il qu’il y ait un terrain susceptible de les accueillir. Et ce n’est pas dur de rendre un terrain indisponible…"

"Mais le plus triste, c’est que le monde du cirque va être pénalisé par cette affaire, car le comportement de quelques-uns nuit à la totalité de la profession." Dans l’immédiat, pour John Zavatta: "C’est de bonne guerre. Le maire doit gérer la pression que lui mettent les associations et les habitants; et nous, on cherche à perpétuer la tradition du cirque..."

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Var-Matin

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