Nous lançons une vaste campagne basée sur notre infiltration à hauts risques dans le milieu de la vénerie sous terre pour dénoncer cette chasse ignoble qui fait subir les pires sévices aux blaireaux. Ensemble, faisons interdire cette abomination !
En matière de cruauté, les chasseurs n’ont jamais manqué d’inspiration. Et parmi leurs pires inventions, il en est une particulièrement monstrueuse : la vénerie sous terre. Cette pratique parfaitement légale consiste à harceler un animal jusqu’au fond de son terrier pour lui faire subir des heures de terreur et de douleurs avant son dernier râle. Les adeptes de ce « loisir » ô combien ludique, adorent s’acharner notamment sur les blaireaux… Vous savez, ces petits mammifères timides. Quoi de mieux en effet que de persécuter des êtres sans défense pour savourer le plaisir de les voir souffrir et de se féliciter d’être « le plus fort » ?

Infiltration à hauts risques

À nos risques et périls, nous sommes parvenus à infiltrer le milieu extrêmement fermé du déterrage. Depuis des années, nous tentions d’y pénétrer pour en dénoncer les horreurs. Il a fallu beaucoup de courage et d’aplomb à nos enquêteurs pour intégrer les « équipages » sans être démasqués, côtoyer des sadiques en se faisant passer pour leurs, assister aux massacres sans broncher et les documenter pour faire avancer la cause des blaireaux. Si les membres de notre équipe ont parfaitement réussi leur mission et en sont revenus physiquement indemnes, ils ont néanmoins été très affectés moralement par les scènes insoutenables dont ils ont été témoins. Il suffit de regarder leurs images, inédites en France, pour mesurer le niveau de violence et d’imbécillité crasse atteint lors de ces « parties de chasse ».

Gang armé et alcoolisé contre famille assoupie

C’est accompagnés de leurs chiens et armés de pelles, de pioches, de haches, de pinces de déterrage, de carabines d’abattage à canon scié et de packs de bières que les groupes de déterreurs traquent leurs victimes. Ils savent parfaitement où aller. Les terriers sont connus. Les fanfarons alcoolisés en font la « tournée » régulièrement en dehors de la période de chasse pour les repérer à l’avance et savoir où se rendre pendant la saison… La prise promet d’être bonne et le carnage savoureux ! Aussitôt arrivés sur les lieux, ils bouchent les issues des galeries, à l’aide de bouts de bois ou de pelles plantées à la verticale, afin d’empêcher leurs proies de s’échapper par d’autres trous que ceux d’où viendront les chiens. C’est le début du printemps, les couples de blaireaux ont mis au monde leurs petits et les familles dorment encore paisiblement au fond de leurs logis. Mais voilà que, soudain, leur monde bascule…

Faire souffrir c’est bien, plus longtemps c’est mieux

Ils ont élu domicile sous un grand chêne, dont les racines majestueuses forment la structure de leur terrier. Entre elles, le terrier ne peut s’effondrer. À la fois colonnes entre lesquelles les couloirs peuvent s’étendre, et protection naturelle. Mais voilà que les ouvertures de leur terrier se ferment une à une, bouchées par des pelles ou des branchages.

Soudain, un tonnerre retentit au-dessus de leurs têtes. Des coups de pelle frappés à plat sur le sol ou sur les arbres surplombant leur terrier éclatent comme autant de détonations. C’est l’affolement. Un blaireautin sort péniblement de son sommeil et voit ses parents paniqués.

Le couple ne sait quelle direction prendre pour mettre à l’abri son petit : les issues sont fermées, et des intrus sont entrés dans le terrier. Ils doivent faire face aux aboiements et aux crocs qui se rapprochent, aux cris des humains en surface enivrés par l’alcool et l’odeur du sang. Les blaireaux hurlent, implorants, bouleversants, mais seuls les rires leur répondent.

Les parents blaireaux cherchent alors à empêcher les chiens d’accéder à la pièce souterraine où ils se sont réfugiés, à l’à-pic du tronc du chêne. Pour ce faire, il faut au plus vite fermer tous les conduits, pour créer une poche hermétique au reste du terrier, dernier recours face aux intrusions. Et c’est cernés de toutes parts que les animaux terrorisés vont assister impuissants, durant près de cinq heures, à la démolition implacable de leur unique refuge.

Les déterreurs, armés de sondes qu’ils enfoncent dans le sol jusqu’aux galeries, puis oreilles plaquées au sol, écoutent d’où viennent les cris des animaux, estiment la profondeur du terrier et le lieu le plus stratégique où creuser. Mais là, il semble que le chêne se dresse entre eux et leurs futures victimes. Qu’à cela ne tienne : armés d’une hache, ils se relayeront pour couper l’une des trois racines principales de l’arbre, mesurant plus de vingt centimètres de diamètre.

Manquant d’air, le père tentera de permettre à son petit de respirer en ouvrant un peu la poche protectrice. Il n’en faudra pas plus pour que les chiens parviennent, après des heures de recherche, à les situer. Le blaireau qui tentait de sauver son bébé se fait mordre et lance un gémissement déchirant. Soudain, des pinces métalliques surgissent. Son petit se fait saisir par l’abdomen entre les barres de fer et arracher du trou. Le malheureux sera ainsi « présenté » dans son extrême détresse aux chasseurs et à leurs fans en liesse… Le coup de feu retentit. Le blaireautin s’immobilise, puis convulse pendant de longues secondes. Un veneur entame une petite danse, et chante « Pointu comme un couteau, aiguisé comme une lame ». Quelques instants et un nouveau coup de feu plus tard, le mâle adulte sera à son tour abattu, directement dans le trou, après un combat qui fera perdre un bout d’oreille à l’un des chiens exténués. Sa dépouille rejoindra celle de son fils, abandonnée au sol. Quant à la mère et aux autres blaireautins, protégés par les racines restantes, les chasseurs « fatigués » les laisseront dans leur terrier ravagé, sans manquer de reboucher la tranchée, pour qu’ils y meurent asphyxiés…

Les cadavres seront ensuite traînés à travers bois jusqu’à la remorque servant au transport des chiens, où ils seront jetés sans ménagement.

Plus de dégâts en un jour que les blaireaux en un an !

Les chasseurs laisseront derrière eux une mère blaireau endeuillée et traumatisée avec potentiellement d’autres petits, un chêne amputé, des dizaines de mégots de cigarette ensevelis. Sans compter les dégâts occasionnés aux cultures dans le champ adjacent au bois, bien supérieurs à ceux qu’une famille de blaireaux peut faire en un an, à force d’allers et retours pour aller chercher qui un outil, qui des boissons supplémentaires…

Abolissons le sadisme !

Combien de milliers de cadavres et d’images ignobles faudra-t-il pour rallier le public et les politiques à la cause de ces animaux martyrs ? Il faut faire interdire ce scandale, les blaireaux doivent être protégés. Chacun doit ouvrir les yeux sur les réalités honteuses de la vénerie sous terre, telle qu’elle se pratique dans le secret des sous-bois. Et regarder en face l’ampleur de la tragédie vécue par les blaireaux.