Les ministres européens de l'Agriculture se sont dits prêts, lundi 17 octobre 2022, à envisager une interdiction dans l'Union européenne du broyage routinier des poussins mâles dans la filière des poules pondeuses. Une volonté commune qui ne pourra se concrétiser qu’en fonction des résultats d'une étude d'impact de Bruxelles.

Une volonté commune d’harmoniser les pratiques

Réuni les 17 et 18 octobre 2022 au Luxembourg sur le thème "Agriculture et pêche", le Conseil européen annonce que "l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, Chypre, la Finlande, la France, l’Irlande, le Luxembourg et le Portugal attendent avec impatience l’étude d'impact de la Commission" sur la fin de l’élimination des poussins mâles.

Dans son compte rendu, le Conseil précise que les États sont d’accord sur le fait "que l'inclusion d'une interdiction à l'échelle européenne de la mise à mort systématique des poussins mâles dans les propositions législatives attendues pour 2023 répondrait aux demandes des consommateurs concernant l’amélioration du bien-être animal et garantirait une concurrence équitable au sein du secteur."

Les ministres européens dans l'attente

Cette proposition est saluée par une vingtaine de ministres ou représentants d'États membres, dont plusieurs se sont cependant interrogés sur le coût financier pour les éleveurs et disent attendre, eux aussi, l'étude d'impact réclamée à la Commission.

"C'est un défi pour les entreprises qui subissent la pression des consommateurs. [...] Mais l'interdiction doit se faire en se laissant guider par l'étude d'impact", a souligné le ministre italien Stefano Patuanelli.

"Il faut adopter le bon cadre, garantir des financements là où ils seront nécessaires, prendre en compte les besoins des entreprises", a renchéri son homologue grec Georgios Stylios.

La Hongrie réclame "un financement approprié, au niveau national comme européen" pour couvrir les frais des éleveurs, tandis que les Pays-Bas s'alarment de "potentiels effets négatifs", notamment le risque de voir la production migrer vers des pays hors Union européenne.

La France et l’Allemagne déjà dans la course

La mise à mort systématique des poussins mâles est prohibée depuis début 2022 en Allemagne, où ont été mises au point les machines permettant de déterminer le sexe des embryons dans l'œuf, dit ovosexage, et donc d'éliminer les mâles avant éclosion.

En France, premier producteur d'œufs en Europe, les couvoirs doivent s'équiper avant une interdiction effective au début de 2023. "Nous sommes convaincus de l'intérêt d'intégrer cette interdiction dans les propositions législatives européennes attendues pour 2023, pour harmoniser les pratiques et répondre à la demande des consommateurs", réitère le ministre français de l'Agriculture Marc Fesneau devant ses homologues. Il précise : le coût de l'engagement des éleveurs "doit être compensé d'abord au sein de la chaîne de valeur puisqu'il résulte souvent d'une demande des consommateurs".

Sur le terrain, l'interprofession de l'œuf (CNPO) s'est dite au début d'octobre "prête" pour la date butoir du 1er janvier 2023, au prix d'investissements massifs en machines et pour un coût évalué à 50 millions d'euros par an pour la filière. Elle réclame une interdiction européenne "pour éviter les distorsions de concurrence".